Anadolu: Au cours de l’année dernière seulement, 13 personnes ont trouvé la mort lors de contrôles routiers qui ont dégénéré en France. C’est quoi votre diagnostic de la situation? À votre avis, est-ce que la loi de 2017 sur l’usage des armes à feu par les policiers est tellement permissive qu’elle consacre un usage de force excessif de la part des forces de l’ordre?
François Burgat: Je n’ai pas, à vrai dire, de compétence particulière pour analyser cette situation d’un point de vue technique. Tout au plus puis-je toutefois me faire l’écho de l’avis d’une large majorité des observateurs habilités: il est évident que le nombre des morts liés à des refus d’obtempérer a connu une nette croissance et qu’il est très raisonnable de la lier à la loi de 2017 qui a libéralisé l’usage des armes à feu par les forces de l’ordre.
AA: Le Haut commissariat des droits de l’Homme de l’ONU a récemment épinglé la France pour "les profonds problèmes de racisme et de discrimination raciale" parmi les forces de l’ordre. Pourtant, la France continue à dénier la présence d’un problème. Qu’est-ce que vous en pensez?
FB: Le terrain de mon expérience et de ma spécialité est celui du traitement discriminatoire que subissent, à mes yeux, en France, les membres de la communauté musulmane. J’ai constaté en effet, à l’instar de tous les observateurs de bonne foi, que depuis plusieurs années, cette composante de la nation française fait l’objet de multiples formes de stigmatisation très spécifiques.
AA: Que doit faire la France pour mettre un terme aux émeutes et remédier au problème de la violence policière?