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Japon: nouveau freinage de l'inflation en janvier, mais moins que prévu

L'inflation au Japon a ralenti en janvier pour un troisième mois d'affilée, selon des chiffres officiels publiés mardi, mais un peu moins que prévu, renforçant quelque peu les spéculations quant à un début de normalisation monétaire au Japon dès avril.

10:01 - 27/02/2024 Salı
AFP
L'inflation japonaise a ralenti moins que prévu pour atteindre deux pour cent en janvier, selon les données du 27 février 2024, atteignant l'objectif de la banque centrale et raffermissait les attentes de mettre fin à sa politique de taux négatifs.
Crédit Photo : Kazuhiro NOGI / AFP
L'inflation japonaise a ralenti moins que prévu pour atteindre deux pour cent en janvier, selon les données du 27 février 2024, atteignant l'objectif de la banque centrale et raffermissait les attentes de mettre fin à sa politique de taux négatifs.

La hausse des prix hors produits frais, qui est la référence de la Banque du Japon (BoJ), s'est établie à 2% sur un an, contre 2,3% en décembre.


Il s'agit du plus faible taux d'inflation dans le pays depuis mars 2022, mais le consensus d'économistes de l'agence Bloomberg s'attendait à un freinage encore plus marqué, à 1,9%.

Les économistes s'attendent par ailleurs à un net rebond de l'inflation en février, car l'effet de mesures du gouvernement entrées en vigueur il y a un an pour alléger les factures énergétiques des ménages devrait se dissiper.


"Par conséquent, l'inflation au cours des prochains mois sera assez fluctuante et il sera difficile de lire la tendance sous-jacente"
, prévient la banque néerlandaise ING dans une note publiée mardi.

Néanmoins, l'inflation de janvier, un peu plus résistante que prévu,
"augmente la probabilité"
d'une hausse des taux de la BoJ dès avril, selon ING.

La BoJ prend son temps


Depuis plusieurs semaines, les dirigeants de la BoJ multiplient des déclarations suggérant qu'elle s'apprête à commencer cette année la normalisation de sa politique monétaire, ultra-accommodante depuis plus d'une décennie.


Depuis les années 1990, le Japon a alterné des phases de déflation et d'inflation poussive au mieux, faute d'une croissance économique robuste et de hausses de salaires notables.


La donne a changé à partir du printemps 2022 avec la flambée des prix mondiaux des hydrocarbures dans la foulée de l'invasion russe de l'Ukraine. L'inflation au Japon a atteint 3,1% en moyenne en 2023, du jamais vu depuis 1982.

Beaucoup d'entreprises nippones ont répercuté la hausse de leurs coûts sur leurs prix de vente, ce qui était impensable pour elles il y a encore quelques années.


Mais les salaires au Japon n'ont pas encore assez augmenté pour soutenir la consommation et provoquer une inflation tirée par la demande, la configuration que la Banque du Japon (BoJ) recherche depuis des lustres.


Contrairement à ses consoeurs occidentales comme la Fed américaine et la Banque centrale européenne (BCE), la BoJ a donc maintenu jusqu'à présent son cap ultra-accommodant.


Etat précaire de l'économie


Avant d'agir, l'institution attend surtout les résultats préliminaires des négociations salariales se tenant chaque printemps au Japon (
"shunto"
), et qui seront connus en mars.

Si des hausses de salaires conséquentes se profilent au Japon, la BoJ pourrait ainsi renoncer à son taux négatif de court terme (-0,1%), en place depuis 2016, et lâcher encore du lest sur son contrôle des rendements obligataires japonais à dix ans, voire l'abandonner également.

La BoJ a cependant maintes fois souligné que la normalisation de sa politique monétaire se ferait d'une manière extrêmement progressive, et que des conditions financières très accommodantes resteraient en place au Japon pendant encore longtemps.


Car la conjoncture économique du pays reste très fragile: il est légèrement entré en récession en fin d'année dernière en raison d'une consommation toujours en berne, selon des chiffres préliminaires publiés plus tôt ce mois-ci.


"La BoJ supprimera son taux négatif en avril, mais compte tenu de l'état précaire de l'économie, il lui sera difficile de porter ses taux d'intérêt au-delà de zéro"
, rappelle Stefan Angrick de Moody's Analytics.

Le marasme de la consommation des ménages nippons, aggravé par la grande faiblesse persistante du yen, devrait perdurer dans les prochains mois,
"ce qui devrait être une préoccupation majeure de la BoJ et (potentiellement) différer sa première hausse de taux"
à l'été, avertissent aussi les économistes d'ING.

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