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Concours Eurovision: "Free Palestine", des mots interdites

"Free Palestine", des mots à ne pas prononcer lors du Concours Eurovision de la chanson 2024 qui s'est déroulé à Malmo, en Suède, comme en a fait l'amère expérience Amer Begovic, qui faisait partie du public ce soir-là.

10:19 - 12/05/2024 dimanche
MAJ: 09:37 - 12/05/2024 dimanche
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Des démonstrateurs sont retenus par des policiers à l'extérieur de la Malmo Arena pendant la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (ESC) 2024, le 11 mai 2024 à Malmö, en Suède.
Crédit Photo : Johan Nilsson / AFP
Des démonstrateurs sont retenus par des policiers à l'extérieur de la Malmo Arena pendant la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (ESC) 2024, le 11 mai 2024 à Malmö, en Suède.
"L'Eurovision n'est pas un concours politique"
, voilà l'argument avancé par les organisateurs qui ont donnés des instructions très stricts à leur staff de sécurisation.

"L'Union européenne de radio-télévision (UER), l'organisme de radiodiffusion, et l'Eurovision ne sont pas politiques uniquement lorsque cela correspond à ‘leur agenda'"
a relevé Amer Begovic qui a eu la désagréable surprise d'avoir été mis en garde par la sécurité de l'événement pour avoir scandé
"Free Palestine".

"Cela ne m'a pas arrêté. Je ne me laisse pas facilement intimider et je crois en la liberté d'expression. C'est pourquoi j'ai continué à scander des slogans"
, a-t-il dit dans un reportage accordé au correspondant d'Anadolu (AA).

Le 68e concours Eurovision de la chanson, organisé à Malmo, en Suède, se poursuit avec des protestations, des critiques et des appels au boycott contre la participation d'Israël.


Lors de ce concours, dont la grande finale aura lieu le 11 mai, l'israélienne Eden Golan représentera son pays avec la chanson
"Hurricane".

Que ce soit pendant les répétitions et la diffusion en direct, Eden Golan a été huée par le public, avec des slogans comme
"Free Palestine"
qui sont devenus viraux sur les médias sociaux.

En raison de la participation d'Israël, des mesures de sécurité de haut niveau ont été prises dans la ville et dans l'arène, tandis que les candidats exprimant leur soutien à la Palestine ont été censurés par les organisateurs.

Begovic a expliqué l'ambiance à l'intérieur de la salle tout en regrettant que face aux nombreuses violations de valeurs commises par Israël, que la participation de ce pays soit maintenue, rappelant que l'Eurovision
"est un concours organisé pour promouvoir la paix et l'unité".

"Je pense qu'un pays qui provoque actuellement un conflit ne devrait pas participer à un concours qui promeut la paix"
, a-t-il insisté avant d'ajouter :

"Je suis originaire de Bosnie-et-Herzégovine. En tant qu'habitant d'un pays qui a connu un génocide, il m'est très difficile de voir ce qui se passe à Gaza en ce moment. Il m'est vraiment difficile d'accepter le fait qu'il y ait une chanteuse sur scène qui décrit ce qui se passe à Gaza à travers des lunettes roses".

Rappelant que le plus grand sponsor du concours est une société israélienne, Begovic a décrit des mesures de sécurité hors norme prises pour un concours de chanson.

"Il y a des policiers, des soldats. Il y a d'énormes véhicules militaires que je n'ai jamais vus auparavant. Lorsqu'il y a des manifestations, des tireurs d'élite sont postés au sommet des bâtiments. Les mesures de sécurité sont rassurantes d'un côté, mais en même temps, cela me met mal à l'aise parce que je suis venue ici pour un concours de musique. Pourquoi avons-nous besoin de tant de sécurité, de tant de policiers, de tant de soldats pour un concours où les gens chantent ? Cela n'a aucun sens. Si Israël ne participait pas à ce concours, il n'y aurait pas besoin de tant de sécurité car ce serait alors un concours sur la paix et la musique"
, a-t-il martelé.

Begovic a également expliqué que pendant les répétitions israéliennes, certains spectateurs avaient déployé le drapeau palestinien interdit provoquant immédiatement l'intervention des agents de sécurité.

"Lorsque la performance d'Israël commence, tous les agents de sécurité de l'arène commencent à surveiller attentivement le public pour s'assurer qu'ils ne voient pas de drapeaux. L'un de mes collègues qui s'est rendu à la répétition avait apporté un drapeau palestinien avec lui. Les agents de sécurité l'ont vu, l'ont fait sortir de l'arène et lui ont retiré le drapeau. Après environ 5 minutes, ils l'ont autorisés à revenir sans le drapeau".

Par ailleurs, Begovic a assuré que des moyens techniques ont été mis en œuvre afin de cacher les huées du public lors des répétitions et de la scène en demi-finale d'Israël,
"ces huées n'ont pas été entendues lors de la retransmission en direct"
, a-t-il dit.

"On peut clairement remarquer qu'une sorte de technologie est utilisée (qui supprime les huées et donne un faux son d'applaudissements) parce que les sons entendus sont très différents. J'ai assisté aux répétitions mercredi et c'est là qu'ils ont testé cette technologie"
, a-t-il insisté.

Si Israël gagne l'Eurovision cette année, ce sera
"la fin de l'Eurovision"
, a assuré Begovic.

"Je ne pense pas qu'ils seront capables de se remettre d'une telle chose. Si Israël gagne l'Eurovision pendant ce qui se passe actuellement, cela provoquera d'énormes protestations et un grand boycott de l'Eurovision qui durera pour toujours"
, a-t-il souligné avant de conclure :

"Je peux dire que plus de 50 % des médias n'ont pas soutenu Israël, n'ont pas applaudi pendant leur performance et n'ont pas du tout interagi avec l'équipe d'Eden. Quand Eden (Golan) vient faire une déclaration à la presse, de nombreux médias ne veulent même pas l'interviewer parce qu'ils ne veulent pas couvrir la participation d'Israël à l'Eurovision de cette année".

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